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Systèmes
éducatifs :
Ta
maziptt, langue nationale ?
Réflexions sur l’introduction de ta maziptt dans le système éducatif
nationale :
Il est certes réconfortant de montrer l’interaction des cultures et leurs
apports à la culture locale ( autochtone ), d’illustrer la contribution de
l’orient, tout comme celle de l’occident dans l’ouverture sur
l’universalité, mais, il serait d’un intérêt plus directe de montrer et
reconnaître que toute culture, toute langue, même tenue pour archaïque doit
être capable de comporter autant de potentialité que les plus développées,
et à même de jouer un rôle prépondérant dans certains domaines, plus
particulièrement, celui de l’écrit orthographique.
Partant du principe qu’une culture n’est autre que le mouvement de la
collectivité, en tant qu’elle se cherche une expression, un élément
d’identification, un symbole de différenciation, son importance en tant que
catalyseur de la cohésion sociale d’abord, de culture savante ensuite ne
saura être effective que dans sa langue maternelle.
La langue nationale
et l’anarchie dialectale …
L’un
des mérites de la sociolinguistique est de nous rassurer que toute langue est
à l’origine, un dialecte ( langue superficielle ) où un ensemble de
dialectes ( langues naturelles ) domestiquée, travaillée par l’homme,
c’est à dire, régie par une structure grammaticale, syntaxique,
orthographique, et ratifiée par l’usage savant ( l’écrit ) (et, c’est
ce que nous nous efforçons tout au long de ces lignes de démontrer, non sans
signifier aux lecteurs, avisés ou non, que le simplisme phonétique,
phonologique nous enfonce dans l’anarchie dialectale) fera de celle – ci
une langue respectable, car enseignable.
L’aménagement
linguistique :
L’aménagement
linguistique implique un inventaire complet des variantes dialectales et de
leurs utilisations optimales que ce qui se fait actuellement au titre
d’enseignement dialectalisé ou fragmenté.
En théorie comme en pratique, l’aménagement linguistique est en générale
est lié aux mesures d’uniformisation, de standardisation, de la langue dite
‘normale’ ou normalisée. Dans le cas de ta maziptt, on distingue, au
niveau national, plutôt au niveau nord africain, six
dialectes, plus ou moins homogènes, ‘ kabyle, chaoui, mzab,
targui’ta celhiytt, ta rifiytt, ce qui serait utopique de vouloir élaborer,
pour ensuite imposer, une langue normalisée à partir d’un seul dialecte
(tajerrumt n teqvaylit) valable pour les interlocuteurs des autres
variantes étant donné les différences phoniques. Et, dans une moindre
mesure, lexicales, qui sont assez significatives, mais pas insurmontables. La
possibilité la plus proche de la réalité consisterait à combiner les mécanismes
graphiques d’usage ( digrammes ) capables d’exprimer un besoin phonique
commun dans ces variantes dialectales que nous qualifierons volontiers
‘d’accentuelles’.
Dans ce cas optatif, la forme écrite ne correspondrait pas exactement à la
forme parlée, il s’agira d’une forme arbitraire, mais qui pourrait être
lue selon la prononciation actuelle des différents accents de cette même
langue.
Pour
éclairer notre présent exposé, nous prendrons l’exemple suivant :
Dans bien de ces accents, le
digramme « CK »
comme dans la prononciation ( Ackal = terre )
dans un autre accent, il est produit par le son « C »
( Acal = terre ) tout comme nous remarquons que
dans un autre accent il est produit par le son « K »
( Akal = terre). Ou encore dans ( A
gjellidt = roi ), dans un autre accent, il est prononcé « A
jellidt = roi), un autre narrateur le prononcera « A
gellidt = roi ».
A la lumière de ces exemples, nous pensons être en mesure de dire que la
forme écrite doit uniformiser ce que la forme parlée a produit à l’état
dialectale, accentuel. Pendant ce temps, au niveau de la lecture chaque
narrateur de différentes régions parlant l’une de ces variantes, l’un de
ces accents est tout simplement identifié par son interlocuteur géographiquement
pendant l’écrit restera national, nord africain !
Les caractères gréco-latins
et les signes diacritiques :
Il
y a quelques années de cela, Monsieur Foudil Boumala éminent universitaire
paraît il, animateur d’une émission culturelle à ‘ENTV avait invité
une figure de proue de la culture ta maziptt et de surcroît auteur de
plusieurs ouvrages en ta maziptt phonétique d’expliquer le choix des caractères
gréco-latins utilisés. Ce dernier tenta de se dérober à la pertinente
question, mais devant l’insistance de son hôte, il s’emporta et déclara
que cette option est due à l’hégémonie imposée par la langue arabe sur
la vie culturelle et linguistique depuis 1962.
A
qui veut, la lecture de cette information anecdotique, sa morale lui offre les
idées suivantes :
a)
Absence
d’arguments scientifiques,
b)
Inefficacité
des caractères gréco-latins à notation diacritique car présentant les mêmes
inconvénients que les caractères arabes et ti ifinêp ( tifinagh ).
Or,
l’expérience à laquelle on vient de faire allusion s’inscrit dans un
ensemble plus vaste, il s’agit notamment de :
- La méconnaissance
des variantes dialectales et leurs spécificités phoniques,
- L’utilisation abusive de la variante kabyle comme élément
de base,
- Absence de syllabaires qui proposent des règles sur les
conventions orthographiques, mais qui aura aussi une valeur de normativité,
-
L’impossibilité d’élaborer un lexique, un dictionnaire dans l’ordre
alphabétique lorsqu’on sait que :
-- Le pronom personnel (sujet de verbes) est écrit en un seul mot,
collé au verbe ! ( bgig,
zrig,
wallan
etc...)
-- L’article et le nom sont écrits en un seul mot, (
axam,
argaz, abrid, tamtut,
etc...)
-- La liaison qui suit la conjonction de coordination est attachée
au mot qu’elle précède et devient de ce fait ‘voyelle initiale de ce mot ! :
(
ID D WAS, IZMAWEN D
WULLI
etc...)
Le choix du caractère
latin :
Une question qui a suscité
beaucoup d’intérêts et de discussions ces dernières années est celle
relative au choix des caractères latins (universels) que nous essayons d’éclaircir
le plus rationnellement possible, en le plaçant résolument dans une optique
de fonctionnalité.
-
L’universalité du caractère
universel (latin),
-
La disponibilité du matériel
graphique,
-
Quantité suffisante de graphèmes
(20 consonnes et 06 voyelles),
-
Absence de signes diacritiques
qui obscurciraient ce qu’ils veulent éclaircir dans un texte,
-
Possibilité de combiner des
digrammes pour les sons non représentés par des consonnes ou voyelles
uniques,
(
Exemples : Dt, Dtt, Ck, Dj, Gj, Jz, Pr, Sz, Zs, Tc, Wt, etc... )
Ajoutez à cela, le fait
que les caractères universels (latins) sont
un patrimoine commun à tous les pays de la Méditerranée, non
seulement par leur situation géographique, mais aussi par l’apport avérer
que nous avions apporté à cette civilisation depuis Saint Augustin.
L’enseignement de ta maziptt comme toute langue normalisée,
donc enseignable, doit faire l’objet d’un processus sous forme
d’objectifs préétablis et selon un calendrier réaliste et cohéwallanrent dans
un délai raisonnable, et, il s’agit notamment de :
-
L’organisation d’une conférence
nationale sous l’égide du Ministère de l’Éducation Nationale avec la
participation des auteurs, de linguistes, de pédagogues, de psychologues,
d’enseignants, d’inspecteurs d’enseignement et de chercheurs en
orthographie et lexicographie, pour débattre de la transcription et des
conventions orthographiques a adapter et à adopter sur la base d’une
confrontation de travaux proposés.
-
Création d’une académie de
langue ta maziptt,
-
Création d’une banque
nationale de terminologie,
-
Création d’un institut de
formation de formateurs,
-
Enseignement de la langue ta
maziptt comme matière avant la formation de formateurs en nombres suffisants
pour les différents paliers,
-
Élaboration du matériel pédagogique
et didactique,
-
Diffusion de cours de langue ta
maziptt à travers les médias lourds pour familiariser la langue et les néologismes
au plus grand nombre d’usagers,
-
Encourager la production dans le
domaine de ta maziptt,
-
Collecter et corriger les œuvres
déjà réalisés,
-
Enseigner ta maziptt en tant que
langue d’enseignement une fois que l’ensemble de ces conditions seront réunies.
Dans l’espoir que notre présente contribution apportera un
plus quand au débat sur le devenir, que nous voulons radieux, de la langue ta
maziptt, merci de votre aimable et attentive lecture.
M. HADDOUR Ahcene.

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