Nos linguistes – phonétistes, phonologistes dans le meilleur des cas, se
mirent curieusement d’accord avec leurs homologues européens pour affirmer,
contre toute logique, que ta maziptt est une langue du groupe sémitique ou
chamito – sémitique.
Ces mêmes phonétistes, nationaux et étrangers confondus, souvent
‘universitaires’ nous disent – ils, ne ratent aucune occasion pour traiter
ta maziptt de ‘dialectes berbères’.
Ces
universitaires de francophonie n’hésitent pas non plus d’avouer, sans
qu’ils soient convaincus eux – mêmes, oralement et par écrit que dans ta
maziptt ( ils écrivent tamazigt ) ou ( tamazight ) que la voyelle ‘E’
qu’ils qualifient de ‘voyelle neutre’ de ‘voyelle zéro’ n’est
utilisée que pour éviter une suite de ‘deux’ ‘trois’ ou plus de
consonnes dans des mots de cette langue.
Pour nos linguistes, phonétistes, cette voyelle ne joue aucun rôle
‘orthographique’ dans des écrits i mazipen.
M. S. Chaker, dans son excès de zèle mal en place décrit cette voyelle comme
‘lubrifiant phonique’. Explicitement, une sorte de tache d’huile pour
glisser d’une consonne à l’autre. Or, n’est ce pas que dans toute langue
respectable, vivante, ou qui se veut vivante, enseignable, (enseignée ou pas),
mais maîtrisable orthographiquement par des nationaux et par des étrangers
rien qu’en changeant de place ou en omettant d’écrire cette voyelle dans
des mots où qu’elle s’impose on ne fera que créer, soit un mot introuvable
dans des lexiques ou dictionnaires ou commettre une faute d’orthographe ?
Peut on
écrire :
« Nous mangeons »
,
Sans cette voyelle ‘e’
placée après la consonne ‘g’ ?
En
écrivant : Une ‘rou’, une ‘bou’ (
sans cette voyelle ‘e’
finale ), notre instituteur ne nous donnera – t – il pas un ‘zéro’
en notation en marge de pages de nos cahiers d’écoliers ?
Notre
correcteur d’orthographe de notre micro – ordinateur, ne soulignera – t
– il pas en rouge ces substantifs inclus dans sa mémoire ?
Les enseignants et les enseignantes d’arabe, de français, et de bien
d’autres matières, mais convertis, du jour au lendemain, en ‘’enseignants
(tes)’’ de ta maziptt, (ainsi l’avait décidé pour nous et notre langue)
le Haut Commissariat à l’Amazighité (H.C.A) soutiennent quant à eux, quant
à elles que :
-
Eprezsett,
|
-
Eprzseett,
|
(mot
qu’ils, qu’elles écrivent « erzet »
avec un point sous la consonne ‘r’
et un point sous la consonne ‘z’.)
s’agit
bien du même mot, du même verbe !
En
français, ‘universitaires’ qu’ils, (qu’elles) sont, ne confondent
jamais :
-
dot,
-
dos, -
do
qui,
pourtant, ont une même prononciation orale !
A
l’écrit, ils n’ont jamais risqué d’écrire « do »
partout !
En ta maziptt, nos phonétistes ne voient pas la nécessité d’écrire
différemment les homonymes
i mazipen ! Or, et en réalité, nous sommes bien en face de ‘deux’
différents verbes dont les définitions lexicographiques sont comme suit
explicitées :
Eprezsett
|
Être
casser (verbe passif)
|
Eprzseett
|
Casser
(verbe actif)
|
Lorsque
ces verbes sont conjugués, ils s’écriront comme suit au
prétérit :
|
Eprezs
|
Ep
|
Je
suis cassé
|
ett
|
Eprezs
|
Ew
|
Tu
es cassé
|
eye
|
Eprezs
|
|
Il
est cassé
|
Ete
|
Eprezs
|
|
Elle
est cassée
|
En
|
Eprezs
|
|
Nous
sommes cassés
|
ett
|
Eprezs
|
Em
|
Vous
êtes cassés
|
ett
|
Eprezs
|
Emt
|
Vous
êtes cassées
|
|
Eprezs
|
En
|
Ils
sont cassés
|
|
Eprezs
|
ent
|
Elles
sont cassées
|
|
Eprzsé
|
ep
|
J’ai
cassé
|
ett
|
Eprzsé
|
ew
|
Tu
as cassé
|
eye
|
Eprzsê
|
|
Il
a cassé
|
ete
|
Eprzsê
|
|
Elle
a cassé
|
en
|
Eprzsê
|
|
Nous
avons cassé
|
ett
|
Eprzsê
|
em
|
Vous
avez cassé
|
ett
|
Eprzsê
|
emt
|
Vous
avez cassé
|
|
Eprzsê
|
en
|
Ils
ont cassé
|
|
Eprzsê
|
ent
|
Elles
ont cassé
|
Nos
phonétistes, phonologistes, nationaux et étrangers avouent sans scrupule ni
ambages qu’il n’y a aucune nécessité de définir orthographiquement la
place de cette voyelle ‘E’ non seulement dans ces deux différents verbes
dont la maîtrise orthographique leur échappe, mais aussi dans l’ensemble de
mots de la langue ta maziptt !
Cette langue qu’ils traitent de ‘dialectes’ qu’ils transcrivent
phonétiquement, à l’aveuglette, en toute paresse pour ne pas dire, à la
manière de singes et de guenons.
-
Ta maziptt, ne
mérite – t- elle pas ce respect orthographique tout comme toute autre langue
enseignable pour être vivante ?
Si
elle mérite une écriture respectable, pourquoi continuer l’écrire aussi
médiocrement, phonétiquement ?
En Janvier 1989, dans les locaux de l’édition ‘’laphomic’’ à la rue
Sie Houas – Alger, j’avais proposé, à feu Mammeri, après que nous eûmes
discuté un peu plus de deux heures sur l’oral et
l’écrit i
mazipen, de m’écrire, dans ‘sa’ transcription, en ta maziptt, la
phrase :
-
Celui
qui ne sait (ou ne connaît) pas.
Il
l’avait écrit comme cela :
-
Win
ur nessin ara.
Je lui proposais ensuite de m’écrire, toujours dans ‘sa’ toute récente
transcription dont on écrit ce que nous ne voulons pas dire. (ce qu’il ne
semblait pas accepter immédiatement), la phrase suivante :
-
Celui
que nous ne connaissons pas.
Il
l’avait écrit comme suit :
-
Win
ur nessin ara !
Comparant,
avec lui, ce qu’il avait écrit de sa main, je lui dit alors :
« Win
ur nessin ara »
-
Celui
qui ne sait pas ?
-
Celui que nous ne
connaissons pas ?
Il
posa sa tête dans la pomme de sa main, l’air grave, il dit :
-
Finalement,
c’est vrai, écrire tout comme on parle ta maziptt, c’est un peu singer
l’écriture en feignant d’écrire, en un mot, c’est de la
cacographie !
Très
attentif à ce que j’allais lui dire, je lui fis :
-
Dans ‘tajerrumt
n t mazigt’ vous avez écrit, non sans lui montrer la
page où il lut :
« Imesli »
(masculin singulier)
« Imesla »
(masculin pluriel)
-
N’est ce pas
qu’en ta maziptt, pour qu’un pluriel finisse par le phonème – graphème
voyellisant ‘A’ il faut que le singulier doit finir par la voyelle
‘U’ mais jamais par un ‘ I ’ ?
-
Je suis ‘anthropologue’ je me suis permis de
toucher quelque peu à la linguistique comme l’avaient fait d’autres avant
moi, en réalité, je connais ‘i mazipen’ mais pas ta maziptt.
Pendant que nous discutions de choses et d’autres, toujours relatives à
l’oral et l’écrit i mazipen, je lui proposais de me gratifier d’une
préface pour mon ouvrage ‘la nouvelle orthographe grammaticale ta maziptt’,
il ne me répondit, ni par un ‘oui’ ni par un ‘non’ catégorique.
Or, moins d’une semaine après alors que nous nous sommes fixés rendez –
vous à la librairie ‘ichtihad’ de la rue Charras à Alger, je le relançais
sur cette ‘préface’ dont j’avais cru avoir assez besoin.
En termes à peine voilés, il me fit comprendre que c’est un peu cautionner
un travail qui contesterait le sien, alors que ce n’était pas le moment.
Je
devais donc attendre quelques jours ou mois.
Pour lui faire sentir de me prendre comme tout autre auteur, je lui parlais de
‘sa’ préface que je lus dans l’ouvrage de M. Hamid Hamouma. Il me raconta
alors quand, où, et comment il avait rédigé cette préface.
Notre prochain rendez – vous avait été fixé pour le 15 Mars 1989,
lorsqu’il sera de retour du Maroc.
Moins d’une semaine après, au café de la place Bugeaud aujourd’hui ‘amir
Abdelkader’ où il m’avait donné rendez – vous, désireux de me voir
avant qu’il ne se rende au Maroc, alors qu’il y avait des gens qu’ils
connaissaient qui nous avaient rejoints, je me rappelle lui avoir dit, en
présence de deux femmes et un homme que moi je ne connaissais pas :
Monsieur
Mammeri, vous dites que ta maziptt doit s’écrire en ta maziptt, c’est à
dire, en caractères ti ifinêp, or, vous n’avez jamais
écrit en usant de cet alphabet. Finalement, est ce qu’il y a une langue qui
se veut respectée, enseignable, enseignée ou non, qui puisse s’écrire dans
deux différents alphabets ?
Sans
réfléchir, il dit :
-
Aucune, absolument
aucune langue ne peut s’écrire correctement dans deux différents alphabets,
insistait – il.
Quelques minutes avant de nous séparer, il me confia
avoir toute une chambre pleine de papier, dans un désordre inextricable et
qu’il veut qu’à deux nous mettrons de l’ordre, et, ensemble nous
travaillerons.
J’étais,
en toute sincérité, très ému d’entendre feu M. Mammeri me parler sous ce
ton, me confier un si important travail en sa compagnie
Malheureusement,
trois années plus tard, (1992) je compris et vois s’appliquer pour moi le
dicton qui dit : « mieux
vaut avoir à faire à Dieu qu’à ses saints ».
Aujourd’hui, ce sont ceux qui se réclament, se revendiquent de l’école
dite « Mammerienne » qui ne ratent aucune occasion pour dénigrer
tout autre travail non pétri dans le moule Mammeri, à défaut du leur.
Nous sommes convaincus et persuadés que si feu Mammeri vivait à nos jours, il
aurait rejeté cette cacographie de langue ta maziptt que plus d'uns de ses
pseudo adeptes qui usent de sa mémoire en l'invoquant à tout coins de rues
utilisent hypocritement dans un intérêt tout personnel ou clanique que dans
celui de ta maziptt.