| Accueil | Recherche | Forum | Contact | Recommander | Livre d'Or | Annonces | Liens |

      

Histoire :                                            

Les origines des royaumes amazighs

Syphax et Massinissa

 

          Elles semblent remonter à une très haute antiquité , malgré le silence des sources. A en croire la littérature légendaire , les marins phéniciens durent s’entendre avec des rois africaines quand ils voulurent s’établir sur les côtes de la Tunisie actuelle . le récit de la fondation de Carthage fait état d’une demande que le roi des libyens Maxitan adressa à la princesse Elissa. Ce roi, d’après Julien , s’appelait Hiarbas . Servius rapporte les mêmes faits et ajoute qu’ Elissa ayant repoussé la requête royale, Hiarbas déclara la guerre aux Carthaginois . D’après cet historien , invoquant à l’appui de cette thèse le témoignage d’une  « histoire punique » , Elissa aurait été de mandée en mariage par d’autres rois berbères , notamment par le roi lopas . En ce qui concerne les noms Hiarbas ou Iarbas , il faut tout d’abord remarquer leur historicité en tant qu’ anthroponymes attestés en Afrique pour Hiarbas ou Iarbas ? 

          On hésite entre les deux origines , libyque ou phénicienne, bien que la terminaison en « as » puisse convenir davantage à un anthroponyme libyque. En faveur de l’historicité du nom Hiarbas, on peut invoquer un texte de Tite – live concernant un roi numide du 1er siècle av . J -  C qui s’appelait Hiarbas . pour Iopas ou Iopan , il semble que nous ayons là une transcription du nom libyque Iuba, qui fut porté par des rois africains . l’un d’entre eux fut battu à Thpsus en 46 av . J – C par l’armée de ce sar en temps que pompénins ; sur les monnaies, le nom de ce roi est écrit «  Iubai » . Mais , l’historicité des anthroponymes n’implique pas forcément l’historicité des personnages ainsi nommés . Y aurait – il en fait des rois africains au temps où la marine phénicienne commença à fréquenter les côtes nod - africaines ? les traditions relative à ces faits ne remontent pas au – delà du IIéme siècle av . J – C ; elles semblent avoir été diffusées dans le monde romain à l’occasion des guerres puniques . Timée de Taormine , qui vivait en sicile au temps de la I ère guerre punique , et bien que le recours à la base des sources carthagionoises orales et écrites lui fût théoriquement possible , ne pouvait alors réussir à dégager la réalité historique de la légende dans les récits qu’on lui faisait ou qu’il lisait à propos de la fondation de Carthage et des événements qui avaient marqué l’accomplissement d’une si grande entre prise. Et l’amour du pittoresque et du dramatique, ne devaient pas manquer d’altérer la réalité historique en la magnifiant peut – être le pathétique. C’est dire que la littérature antique n’est pas en mesure d’établir l’historicité du roi Hiarbas qu’on simple création légendaire.

          Cependant , G . camps reconnaît que , parmi les personnages à porter le titre de roi dans la littérature classique , Hiarbas est le plus ancien . Il rattache le nom de ce roi à une racine libyque et considère vraisemblable l’existence de chefs libyens avec lesquels les marins phéniciens eurent très tôt maille ; mais le récit de Hiarbas revête à sec yeux un caractère légendaire.

          Certes, l’historien doit se méfier de l’argument du silence ainsi que des constructions non fondées ; l’hypothèse d’une certaine organisation sociale et politique en Afrique au temps des premières navigations phéniciennes n’est toutefois pas à rejeter .

          Qu’il y ait déjà à la tête des tribus africaines des chefs auxquels on reconnaissait une autorité supérieure en temps de guerre pour administrer les affaires de la tribu, voilà une hypothèse qui paraît très vraisemblable et même probable . Grâce à la documentation égyptienne, nous savons que les tribus libyennes qui vivaient au voisinage de l’Egypte étaient, dés la fin du II éme millénaire, dirigées par des rois .

          Au V éme siècle av . J – C. Hérodote connaissait des rois libyens . Non contents d’avoir fondé Cyrène, les Grecs voulaient s’étendre davantage en Afrique et occuper d’autres territoires, ce qui suscita l’opposition des libyens. « Amputés d’une bonne part du territoire, les libyens du voisinage et leur roi qui avait le nom Adrian, se jugeant dépouillés leur pays et gravement offensés d’Egypte Apriès 

          Dans un autre passage , Hérodote signale l’existence de la royauté libyenne, il s’agit cette fois des Adyrmachides dont les territoires confinent avec le royaume des pharaons . Parlant des us et coutumes de cette population libyenne, il écrit : « Ils présentent au roi, c’est lui qui la déflore » . Ces deux textes peuvent être invoqués en faveur de l’existence d’une royauté libyenne dans les territoires voisins de Egypte et dans les environs de Cyrène.

          Pour Adrican, roi des libyens dont les territoires étaient dangereusement menacés par les Grecs, Hérodote pouvait s’informer à Cyrène où la situation des territoires voisins devait être parfaitement connue. Si , pour partie de l’Afrique du nord , l’historien peut retrouver les traces d’une royauté autochtone sans doute dés la fin du second millénaire et surtout à partir du  Vème siècle av . J. – C. – on peut retenir de même l’hypothèse d’une organisation politique ou même d’une royauté également autochtone dans la région que fréquentaient les marins phéniciens depuis la fin du  II ème millénaire. Il en résulte que, malgré l’absence de tout argument objectif sérieux, l’hypothèse d’un roi libyen qui aurait gêné les fondateurs de Carthage ne paraît pas tout à fait gratuite ; sous dirions qu’elle est possible, sans pour autant reconnaître l’historicité des faits rapportés au sujet d’Hiarbas ou de Iopas et de sa passion pour Elissa .

          C’est avec le IV ème siècle av . J- C. que la situation commence à s’éclaircir, notamment pour la Numidie et la Mauritanie ; un carthaginois ambitieux, Hannon , qui voulait s’emparer du pouvoir à Carthage par la force , aurait cherché des appuis auprès du roi des Maures . même si cet épisode n’est pas mis en doute , ce roi nous demeure tout à fait inconnu. Que signifie d’ailleurs le terme « Maures » dans la bouche de julien, auquel nous devons cette tradition ? S’agit – il de tribus qui vivaient dans les territoires de Mauritanie telle qu’elle était connue dans l’hystérographie antique , c’est – à – dire les régions occidentales de l’Afrique du nord, en gros le Maroc et l’Algérie occidentale ? II convient de signaler d’autre part les doutes qui entourent l’établissement de ce texte de Julian . Pourtant , un témoignage archéologique militerait en faveur de l’existence de chefs qui devaient régner sur le Rharb au IV ème S. av . J -  C . il s’agit du tumulus dit Sidi Slimane.

          C’était sans doute la sépulture d’un potentat de Maurétanie qui vivait sinon à la fin du IV ème S. av. J.- C . Nous savons d’autre part, grâce à Diorde de Sicile qu’à la fin du IV S. av. J.-  C . un roi libyen, Ailymas, régnait sur un royaume dont les frontières touchaient les territoires carthaginois. Agathocle, le tyran de Syracuse, chercha son alliance alors qu’il ravageait les terres carthaginois entre zeugis et la ville d’Hadrumète, c- à – d entre le front zaghouan et la ville de Sousse, dans le Sahel tunisien . les exégètes de ce texte de Diodore conclurent que le royaume d’Ailymas devait se situer en partie en Tunisie occidentale, dans la région du Tell ; la ville de Dougga y était comprise. Diodore de Sicile affirme qu’une alliance fut d’abord négociée et conclue entre Agathocle et le roi Ailymas, mais qu’avant la fin de l’expédition , le tyran de Syracuse, constatant la trahison du monarque berbère , voulut le châtier ; Ailymas trouva la mort au cours de la bataille. Les événements se situeraient entre l’été de 310 av . J.-C. dans l’ensemble , l’historiographie contemporaine ne conteste pas l’historicité de ce roi de Numidie. G. et Colette picard reconnaissent en Ailymas «  un chef de quelque importance » .

          G. Camps le qualifie, tout comme lui accordait l'ordre de sicilee , le considérant d’autre part comme le plus ancien représentant connu de la dynastie qui régnait en Numidie orientale aux III ème et II ème av. J.- C . il s’agit plus précisément de la dynastie Massyle, à laquelle appartient Massinissa . Pour G . camps, rien n’empêche de supposer un lien de parenté entre Ailymas et Massinissa : le premier serait l’un des ancêtres du second. Il faut cependant attendre la deuxième moitié du III ème siècle av. J.- C . pour que l’histoire permette de saisir les royaumes berbères en plein jour.

          C’est alors seulement que les Etats constitués surgissement aux yeux de l’histoire . jusque là notre information sur les royaumes berbères se distingue par caractère hypothétique, sa disparité et sa discontinuité . A partir du III ème siècle av. J.C. l’information sur ces royaumes s’intensifient et se précise. Désormais nous sommes en mesure de connaître les royaumes, leur localisation, la dynamique de leurs frontière , les rois , leurs portraits , leurs prérogatives, leurs options politiques – sain si que le sort qui leur fut réservé. Entre autres conséquences des guerres puniques, une vive lumière fut projetée sur la terre d’Afrique et notamment sur les royaumes berbère déjà constitués. La aussi, l’histoire nous met devons le fait accompli et ne facilite point la reconstitution de l’expérience. Il ne s’agit certainement pas d’une génération spontanée. Les royaumes berbères ne sauraient être considérées comme des Etats champignons « qui poussent en une nuit et moisissent en une matinée », pour reprendre l’expression de E. F. Gautier au sujet de l’Etat maghrébin. L’exégèse du texte et du monument laisse croire que les royaumes berbères , qui semble apparaître au III éme siècle av. J.-C. Comme le soleil à l’horizon ont été le résultat d’une lente et très longue gestation dont nous ne pouvons pas hélas reconstituer les étapes ni même tracer le profile à grand traits. L’Etat des royaumes berbères au III éme siecle. av. J. -C. avec leur frontières, leurs instituons, leur organisation municipale, leurs conflits internes et leurs différends avec leurs voisins , tout cela suppose une langue histoire, des traditions établies, des acquis capitalisés, une maturation qui implique une prise de conscience des emprunts à l’autre , des rejets et partant des contacts enrichissant, un dialogue avec soi et avec l’autre.

          L’historien y – verra encore plus claire lorsqu’en particulier la documentation archéologique aura été classée selon des critères chronologiques précis, condition sans laquelle il n’y a pas moyen de saisir l’évolution et d’assister à la genèse du fait . Or , pour le cas précis, il est nécessaire de faire le bilan de la documentation dispersée dans les musées, les dépôts et les collections privées . Ils faut poursuivre les fouilles dans l’objectif serait la connaissance des royaumes berbères . Mais , en attendant , que  peut – on – en dire ? A partir du III ème  S. av. J. C . trois royaumes nous sont bien connus : ils se répartissent la Mauritanie , la Numidie Masaesyle et la Numidie Massyle.

Journal Tamazight ( aynun « 48 » 1999.)


                                               


| Accueil | Recherche | Forum | Contact | Recommander | Livre d'Or | Annonces | Liens |
                                                                                                           

Copyright © 2003 [tamusni.tripod.com]. All rights reserved. TR.